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LA PERLE DE CANDELAIR

— Ah ! mon oncle, je vous assure que ma surprise est grande de vous entendre parler de la sorte ; mais pour qu’à l’avenir vous soyez tout à fait dégagé vis-à-vis de Thomas, pour que votre esprit ne se crée pas des obligations au sujet de cette bête, détournée de son maître, je vais aller chercher Lou-Pitiou. Quand je l’aurai payé, Thomas n’aura plus, à votre avis, du moins, aucune raison pour vouloir empiéter sur le mur qui vous appartient.

— Un chien, je n’en veux pas ! Non-seulement c’est une dépense superflue mais encore c’est une dépense folle. Je te défends de l’acheter.

— Pardon, mon oncle ; mais vous n’aurez ni à payer ni à nourrir mon chien. Je sais quelqu’un qui sera bien aise de me le garder pendant mon absence, quelque longue qu’elle puisse être.

— Tu vas donner de l’argent à ce misérable aubergiste ?

— Certainement, mon oncle, afin que Thomas soit entièrement dans son tort vis-à-vis de vous.

— Eh ! cela m’est égal ! s’écria M. Letourneur en voyant Étienne se diriger vers la porte du jardin, mon avocat m’a assuré que je gagnerais mon procès.

— J’en suis sûr aussi, reprit le jeune homme, mais je ne veux avoir rien à me reprocher vis-à-vis de vous ; au revoir, mon oncle.

Fatigué, dégoûté de ce qu’il venait de découvrir, de cupidité et de mauvaise foi dans l’esprit de M. Letourneur, Étienne s’éloigna vivement.

À peine eût-il fait quelques pas dans la rue, qu’il vit venir à lui le brave Pitiou, qui guettait de ci, de là d’un