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L’ONCLE ISIDORE

— Tout ce qui m’est nécessaire, mon oncle, aussi je n’aurai pas besoin d’avoir recours à vous en cette circonstance.

— Soyez rassuré, je ne vous gênerai pas pour cela.

— Oh ! je ne pourrais pas t’aider.

— Vois-tu, je me suis déjà bien gêné et depuis longtemps pour ma famille, ta grand’mère, ta mère, puis toi ; enfin j’ai fait mon devoir bien largement. Quand pars-tu ? demanda-t-il en voyant le jeune homme qui se disposait à se retirer.

— J’ignore encore le jour ; je sais seulement que le départ sera prochain.

― Ah ! et sais-tu les appointements que l’on te donne ?

— J’aurai largement tout ce qu’il me faudra, mon oncle, je vous remercie de votre sollicitude.

— Ce n’est pas pour cela, reprit le vieillard, poursuivant son idée fixe ; mais vois-tu, je veux te dire que c’est pendant qu’on est jeune qu’il faut mettre quelque argent de côté afin de se faire de la tranquillité pour sa vieillesse.

— Merci, mon oncle, mais, avant tout, je veux vivre, car je n’ai pas vécu depuis que je suis au monde. Oui, je veux être jeune avant d’être vieux ; je veux être jeune pendant que c’est de mon âge.

— Tu vas faire des folies, continua le vieillard en passant son bras sous celui du jeune homme et en l’entraînant dans le jardin : écoute mon expérience, écoute-moi, car tu me ferais mourir avant l’heure si je te voyais mal tourner. Écoute-moi donc, Étienne ; car, enfin, je t’ai élevé.