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LA PERLE DE CANDELAIR

paraître endormi, et que, réveillé en sursaut, il ne l’était réellement qu’à moitié.

— C’est moi, mon oncle, dit alors Étienne en s’asseyant à côté de M. Letourneur qui venait de retomber dans son fauteuil, fort surpris de reconnaître le jeune homme à la visite duquel il ne s’attendait pas.

— Je viens, continua Étienne, pendant que son oncle achevait de se remettre, vous annoncer que je retourne à Paris.

— Ah ! dit l’oncle que la curiosité rendait à peu près muet, car il venait de lui passer par l’esprit que la visite du marquis de Ferrettes n’était sans doute pas étrangère à la nouvelle que lui donnait le jeune homme.

— Oui, mon oncle, M. Malsauge me prend pour secrétaire, je vais donc ne plus vous être à charge. Et dès que je le pourrai, c’est-à-dire aussitôt que j’aurai vu ce qu’il me faut strictement dépenser dans le monde où je suis appelé à vivre, je mettrai de côté de quoi vous dédommager des dépenses que vous avez faites pour moi.

— Allons, allons, il y a du bon chez toi ; cela me fait plaisir de voir que tu songes enfin à me venir en aide. Là, franchement, poursuivit le vieillard en souriant, de son sourire froid et décoloré, ce n’est pas trop tôt ; j’étais à bout de mes ressources.

Étienne réprima un mouvement de dégoût.

— Mais pour aller à Paris, continua M. Letourneur, comment vas-tu faire ; les voyages coûtent cher, sais-tu ? et je n’ai pas le moindre argent disponible.

M. Malsauge m’a donné ce qu’il me faut.

— Combien ? demanda aussitôt M. Letourneur en arrêtant sur son neveu ses yeux ardents de convoitise.