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LA PERLE DE CANDELAIR

paraîtrait une menace, cela me porterait malheur. Il y a des gens dont l’ombre est une chose nuisible.

— Tu partiras donc sans le lui dire ? demanda Mme Daubrée timidement.

— Non, ma mère ; je lui dirai le bonheur qui m’arrive, rien de plus, et comme, depuis que je suis ici, sous son toit, il ne m’a jamais adressé la parole, à moins que ce ne soit pour me dire des choses dures ; comme il ne m’a jamais donné ni un conseil affectueux, ni une aide, ni un encouragement, je ne veux pas en recevoir à cette heure.

— Fais comme tu voudras, mon enfant.

— Je vais sortir, mère, et probablement je rentrerai tard ; ne vous inquiétez donc pas de moi et surtout ne veillez pas pour m’attendre, ni aujourd’hui, ni demain, ni les jours que je vais encore rester ici. Enfin, quoi qu’on vous dise, soyez toujours persuadée que vous avez un fils qui vous aime bien tendrement, et que vous avez le droit d’être indépendante : je travaillerai pour nous deux.

— Je n’écouterai personne, mon enfant, personne que toi. Les bonnes paroles que tu m’as dites. aujourd’hui resteront là et me tiendront compagnie pendant ton absence ; non, non, c’est bien fini, je n’écouterai plus que toi, continua la brave dame en essuyant ses yeux, car elle pleurait de joie tout comme si elle avait été jeune.

— Pas même M. l’abbé ? dit Étienne en souriant et en élevant un doigt à la hauteur de son œil.

— Je lui ferai dire des messes pour assurer ta prospérité là-bas.

— C’est en effet le meilleur moyen de le convaincre,