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LA PERLE DE CANDELAIR

— Mais tu ne vas jamais dépenser tout cela, mon cher enfant ! s’écria-t-elle.

— C’est ce qui vous trompe, mère chérie.

— Comment, tout cela ? c’est presque une fortune !

— Tout cela, reprit Étienne, et pour commencer, je vous prie de vouloir bien en prendre la moitié.

— Moi, Seigneur, mais je n’ai besoin de rien, mon enfant.

— Vous vous trompez, reprit Étienne sérieusement.

— Mon oncle ne me laisse manquer de rien, je t’assure. Pourtant il est bien gêné… Son avocat… et une partie de cette somme…

— Écoutez-moi, grand’mère, dit alors Étienne, et tâchez de bien vous pénétrer de mes paroles, par amour pour moi. Au nom de ma mère, qui était votre fille, apprenez à garder un secret qui ne sera qu’à vous et à moi ; que mon oncle surtout soit étranger à ce que nous allons dire.

— Je ne te comprends pas, dit Mme Daubrée.

— « Pauvre chère mère ! » pensa Étienne.

— Oh ! je t’aime bien, va, soupira-t-elle. Hélas ! je ne puis rien faire que t’aimer.

— Je ne vous en demande pas davantage. Je veux maintenant que vous soyez heureuse, et, pour commencer, je vous prie de ne plus rien faire dans la maison. Vous allez prendre une autre servante ; c’est vous qui la payerez. Elle s’occupera donc spécialement de vous donner les soins dont vous avez entouré les autres jusqu’à ce jour.

— Y penses-tu ! une autre servante ! Et que dirait mon