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L’ONCLE ISIDORE

Rappelé à la réalité, Étienne laissa ses yeux s’arrêter sur cette main vaillante et ridée ; son regard y lut tout un long et douloureux poème qui sembla le ramener de l’empyrée de ses rêves, aux sentiers réels de la vie. Il passa le bras de la vieille grand’mère sous le sien et l’emmena dans sa chambre. Il la fit asseoir sur le fauteuil qu’avait occupé M. de Ferrettes quelques instants avant, ferma la porte au verrou, prit un tabouret et s’assit à ses pieds.

— Grand’mère ; dit alors le jeune homme en embrassant la vieille femme, je suis riche, je suis heureux, je suis indépendant.

— Mon pauvre enfant ! répondit-elle tout étonnée et quelque peu craintive ; car elle ne comprenait rien aux paroles pas plus qu’à la voix expansive d’Étienne.

— Tenez, dit alors le jeune homme pour la convaincre et il jeta sur ses genoux les deux cents louis que venait de lui donner M. Malsauge.

Mme Daubrée poussa un cri d’étonnement en regardant son petit-fils : elle comprenait encore bien moins. Dans toute sa vie il ne lui était pas encore arrivé, une fois, d’avoir autant d’or devant elle.

— Ah ! Seigneur ! Ah ! mon Dieu, qu’est-ce que cela veut dire ! murmura-t-elle en attendant qu’Étienne la tirât d’inquiétude. Il lui était impossible de croire que tant d’argent appartînt vraiment à cet enfant.

— Ma bonne mère, dit alors le jeune homme, M. Malsauge me prend pour secrétaire, il retourne à Paris dans quelques jours, je dois aller avec lui. Et voilà, dit-il en montrant l’or qui faisait l’étonnement de Mme Daubrée, pour mes frais de voyage.