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LA PERLE DE CANDELAIR

paroles ni du regard qui les accompagnait, pourvu que vous me preniez toujours pour votre confidente, je ne me plaindrai point ; c’est une place, par exemple, que je ne veux jamais perdre.

Étienne écoutait et ne parlait pas. Tout ce qu’il eût si bien dit sur la montagne, ne pouvait sortir de ses lèvres au milieu de ce coquet boudoir.

— Vous ne me dites rien, Étienne, reprit-elle à demi-voix, vous craignez de vous engager.

— Croyez-vous que les paroles engagent ? demanda-t-il, en accompagnant sa question d’un regard si éloquent que Mme Malsauge fut convaincue.

— C’est bien, dit-elle alors en lui tendant le bout de ses doigts, sur lesquels il appuya ses lèvres. À demain, reprit-elle, M. Malsauge aura sans doute besoin de vous pour mettre ses papiers en ordre. Je vous autorise à me venir voir tous les jours pour vous habituer à vivre près de nous. À demain.

Comme dans le cercle des Mille et une nuits, Étienne marchait de surprise en surprise.

Il rentra lentement à la Chartreuse, songeant au changement que sa nouvelle vie allait apporter à ses jouissances morales et à ses habitudes de chaque jour.

— Qu’as-tu, mon enfant ? demanda d’une voix craintive Mme Daubrée, en voyant le jeune homme traverser le jardin et se diriger vers la maison, si profondément absorbé dans ses réflexions qu’il avait l’air accablé de tristesse.

Qu’as-tu, mon pauvre enfant ? répéta-t-elle en appuyant légèrement sa main, déformée par le travail, sur le bras de son petit-fils.