reçoivent beaucoup, que faites-vous donc ? que dirait-on si l’on vous voyait ainsi ?
— Tout ce que l’on pourrait dire me serait bien égal. Comme vous êtes belle !… ajouta-t-il en rejetant en arrière ses abondants cheveux bruns.
— Ah ! mon Dieu ! sauvage montagnard, venez là qu’on vous gronde.
De la main elle lui montra un siége tout près d’elle.
— Puisque c’est vrai, dit à demi-voix le jeune homme en prenant la place qu’on lui désignait.
— Raison de plus. Toute vérité n’est pas bonne à dire.
― À entendre, peut-être, madame ; mais à dire, je vous assure que celle-là l’était et beaucoup.
— Mais on me l’a changé ! s’écria la jeune femme, en levant jusqu’à son front ses mains mignonnes ; je ne le reconnais plus ; on me l’a civilisé ! Qui puis-je accuser de ce crime ?
Étienne souriait.
— Enfin, reprit Mme Hélène, une chose me console, nous partons bientôt, sans cela on vous changerait tout à fait.
— Oh ! pour cela, je vous jure bien que non. Je serais trop malheureux de n’être pas toujours votre sauvage.
— Cela ne va guère durer à Paris, murmura la jeune femme ; la plus robuste sauvagerie n’a pas trois mois à y vivre, mais mon amitié n’est point jalouse.
― Tant-pis ! dit tristement le jeune homme, cela m’aurait fait tant plaisir.
— Et pourvu, continua-t-elle, comme si elle n’avait pas entendu, quoique rien ne lui eût échappé, ni des