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LA PERLE DE CANDELAIR

— Vous tenez de madame votre grand’mère, dit-il au jeune homme, quand ils furent seuls dans la rue : elle paraît être une bien digne et bien excellente personne.

— Moins la douceur et l’humilité peut-être, répondit Étienne en soupirant ; car il n’avait entendu que la première partie de la phrase qui lui avait été adressée, et ne pouvait s’empêcher de songer au renoncement perpétuel de la pauvre femme.

— Bast ! ce ne sont point des vertus mâles ; le mieux est de ne pas en être embarrassé.

Quelques instants plus tard, Étienne était introduit auprès de M. Malsauge, qui lui adressa un signe gracieux de la main en le voyant entrer.

— Il est aimable à vous, monsieur Jussieux, lui dit-il, de tenir les engagements que mon oncle avait pris en votre nom. Causons un peu de nos plans d’avenir, car il ne nous reste que peu de jours à passer à Candelair.

Étienne s’inclina et attendit.

— Vous aurez à me servir parfois de secrétaire ; mais, rassurez-vous, de ce côté, la besogne n’est pas lourde : j’écris peu. Vous aurez surtout à aller répondre de ma part, et verbalement, partout à peu près où je penserai qu’il vaut mieux ne pas envoyer de lettre ; vous recevrez aussi beaucoup à ma place.

Maintenant je vous prie de vous attacher quelque peu à moi, qui me sens tout disposé à vous traiter en enfant privilégié.

Étienne ne répondit pas, l’émotion eût fait trembler sa voix, et il voulait autant que possible cacher son trouble. Mais il regarda M. Malsauge, qui lui tendit aussitôt la main ; son regard avait été la plus flatteuse réponse.