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LA PERLE DE CANDELAIR

mère, devint presque un objet d’admiration pour ses concitoyens. Le préfet ne crut pas devoir faire moins que n’avait fait son prédécesseur en une circonstance analogue, et le mot « avancement » fut prononcé au milieu d’un éloge qui ressemblait fort à un témoignage de satisfaction.

Le propriétaire de la Chartreuse ne fut donc que très-peu surpris lorsqu’il fut nommé chef de division. Il considérait la chose comme lui revenant de droit depuis trop longtemps pour en éprouver la joie qu’un autre en eût ressenti à sa place. Ce fade garçon était blasé sur la reconnaissance et sur la protection dont il était redevable à la vivacité et à l’exagération des sentiments de sa sœur, laquelle, s’amoindrissant de plus en plus et se réduisant à rien, exaltait, hors de toutes proportions, ce frère bien-aimé et généreux, auquel elle croyait tout devoir.

Ses appointements et sa petite fortune ayant fait chacun de leur côté de sensibles progrès, Isidore Letourneur voulut que son neveu reçût ce qu’il appelait une brillante éducation.

Il sollicita une demi-bourse au lycée de Candelair et l’obtint tout entière si facilement qu’il fut pénétré une fois de plus de sa propre valeur.

Vers l’âge de huit ans « le neveu Letourneur » ainsi qu’on appelait Étienne Jussieux, faisait son entrée au collège au milieu d’autres enfants qui dès le premier jour le nommèrent : le petit boursier. Il y fit ses études comme tout le monde, ni mieux ni plus mal, mais il y souffrit plus que les autres du manque de caresses et du défaut de famille.