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LA PERLE DE CANDELAIR

Ferrettes commença sans lui donner le temps de prendre la parole.

— Mon cher enfant, je viens vous chercher moi-même, parce qu’il m’a semblé nécessaire de vous faire un petit bout de leçon :

M. Malsauge quitte Candelair.

Grâce à ses talents, et à quelques influences, il passe aux finances. Ceci est encore un secret… d’État et n’aura son exécution que dans quelque temps. Il faut à M. Malsauge un secrétaire intelligent, dévoué et discret. J’ai pensé à vous, j’ai répondu de vous et je viens vous enlever.

Maintenant, continua M. de Ferrettes, après avoir repris haleine, voilà où commence le petit bout de leçon.

Vous avez beaucoup de cœur, gardez-vous de le montrer ; vous êtes beau garçon, n’ayez pas l’air de le savoir, mais ne permettez à personne de l’ignorer. Vous savez un grand nombre de choses, que cela vous serve, mais que personne ne s’en doute ; ne faites d’autre usage de votre esprit que d’apprendre à le bien cacher ; n’ayez point d’indignation, même contre les plus laides choses ; point d’enthousiasme, surtout pour ce qui est noble et beau.

Cravatez-vous bien ; choisissez un tailleur émérite ; soyez toujours hermétiquement ganté, comme si vous étiez entouré de gens ayant des maladies de peau ! dansez un peu, pas trop, mais sachez choisir vos danseuses ; ayez l’air fort occupé de futilités, pour que les femmes vous protégent ; permettez que les hommes vous croient un bon garçon, pas fort ; vous ne leur por-