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L’ONCLE ISIDORE

principe touchant sa dignité, pas plus que la dignité de sa famille.

Mme Daubrée était atterrée.

— Il fréquente journellement le chien de cet aubergiste sans éducation ; il le traîne à sa remorque, dans la ville et par les champs, si bien que ce misérable Thomas, en voyant de pareilles choses, s’est cru tout permis. Du moment où votre petit-fils lui prenait la moitié de son chien, il s’est mis en tête de me prendre la moitié de ma muraille ; et voilà pourquoi je serai dans la dure nécessité de payer un avocat. Voilà, ma sœur, où conduit le déportement de la jeunesse actuelle ! Voilà les fruits d’une trop grande faiblesse !

La pauvre femme n’ayant à son service que des « hélas ! » et des soupirs, ne s’en faisait point faute. Quand M. Letourneur la vit bien convaincue de la droiture de son raisonnement, il ajouta comme conclusion :

— Il va falloir faire de bien grandes économies pour trouver cet argent.

— Nous les ferons, mon frère ! nous les ferons ! s’écria Mme Daubrée. Du moment où on lui parlait d’économies et de sacrifices, c’était son lot, et la dévouée créature s’y jetait presque avec joie.

Étienne resta à la Chartreuse le jour qui suivit la promenade qu’il avait faite avec l’ouvrière.

Tout fier de sa décision, de fraîche date, il sortit un livre du fond de sa malle, étendit sur la table, dans sa chambre, ses papiers oubliés depuis son séjour à Paris, s’enquit de la partie du logis où il pourrait bien trouver de l’encre ; fouilla dans tous les coins et recoins pour