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LA PERLE DE CANDELAIR

Me Souillard, l’huissier de Thomas, celui qui s’était proposé pour conduire l’affaire, était du nombre de ces horribles oiseaux de nuit qui vivent du mal qu’ils aident à commettre et qui dévorent la proie sur laquelle leur bonne fortune, aidée de la bêtise humaine, leur a permis de laisser traîner leur bave.

S’étant fait donner les pleins pouvoirs de l’aubergiste, il mena la chose qui lui était confiée à grand renfort d’actes dont il empochait ou buvait le coût, parfois les deux ensemble ; il se portait de sa personne, partout où il fallait envenimer la querelle. Ses efforts furent couronnés de succès : Thomas avait sur les bras un gros et bon procès où il était difficile de voir clair. Au demeurant, cet hôtelier rageur et malhonnête n’avait pas à se plaindre, Me Souillard lui en avait donné pour son argent, et le tout conformément à la loi.

Thomas d’ailleurs était persuadé, non pas que sa cause était bonne — s’il avait eu une cause honnête il n’eût pas employé Souillard, l’homme des chicanes véreuses ; mais comme le susdit huissier était capable de toutes les ignominies, il était persuadé, dis-je, qu’il gagnerait son procès, aussi ne s’était-il pas montré trop difficile pour se laisser arracher pas mal de sommes, petites et grosses, qui eussent été plus qu’utiles dans son commerce.

Le rêve de cette écurie à construire, auquel il s’était entêté, lui avait fait négliger son auberge.

Tout allait donc chez lui de mal en pis sans qu’il s’en inquiétât. Il attendait pour relever ses affaires d’avoir édifié ce fameux bâtiment.

Souillard s’engraissait en revanche ; il prospérait de