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L’ONCLE ISIDORE

L’oncle Isidore ne pouvait supporter le bruit, et vraiment on n’aurait su entourer de trop d’attention un si digne frère, un si bon parent ! Puis, la petite se plaisait énormément chez les dignes sœurs ; elle y était si bien !

Vers cette époque, M. Letourneur, ayant trouvé à marier sa nièce, à un négociant presque riche, s’empressa d’assurer l’avenir de la jeune fille, en la donnant, avec les restes de la dot de sa sœur, au mari qui voulait bien s’en charger.

Mme veuve Daubrée, qui n’avait pas même été consultée, se trouva par suite de cet arrangement, ne plus rien posséder en propre.

Elle resta entièrement à la charge de son frère, et, sentant croître sa dette, elle redoubla de soins et d’économie pour lui prouver sa reconnaissance.

La chance contraire voulut que le mari de sa fille fît de mauvaises affaires, qu’il ébréchât la dot de sa femme, et qu’après avoir complètement perdu ce qui lui appartenait, il allât chercher à reconstruire, en Amérique, une fortune que ni le travail, ni l’économie n’avaient pu lui conserver en son pays natal.

M. Letourneur recueillit de nouveau sa nièce, ainsi qu’un gros garçon de quatre ans, malheureux fruit de ce triste mariage !

La jeune mère étant morte de chagrin au bout de quelques mois, le frère de Mme Daubrée se retrouva encore avec un orphelin sur les bras.

L’histoire de tous ces malheurs fit grand bruit dans la ville. Le vieux garçon, recueillant et élevant son petit-neveu, après avoir déjà recueilli la mère et la grand’-