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L’ONCLE ISIDORE

silence, de l’obscurité, de l’anéantissement complet. Se trouver hors de chez soi, à pareil moment, mérite un brevet de mauvais sujet, de pas-grand-chose, et les parents qui auraient le malheur d’avoir un enfant absent du logis à une heure aussi indue, lèveraient les mains au ciel, accuseraient le sort de leur avoir imposé un aussi grand fléau et désespéreraient de l’avenir de leur fils. Étienne et Mariette étaient pourtant dans ce cas, mais minuit ne les fit que rire, et s’embrasser de nouveau, avant de se séparer pour rentrer l’un à la Chartreuse, l’autre à la maison sur la place du Marché.

— Allons ! Lou-Pitiou, en route, dit Mariette, d’une voix joyeuse en faisant encore de la main un signe d’adieu, tandis qu’Étienne, moins pressé qu’elle, restait à la même place la regardant s’éloigner.

Quand elle se fut perdue dans l’ombre de la rue, il songea seulement à rentrer chez lui.

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Thomas, l’aubergiste, rêvait toujours à son écurie ; la muraille qui séparait le jardin de l’oncle Isidore de sa cour, lui ayant donné ce mal du désir qui fait les mauvais repas et les insomnies, il entama un procès avec son voisin.

Il donnait acte sur acte, ce brave Thomas ; car il avait découvert au milieu de ses pratiques, un huissier de bonne volonté et de mauvaise foi, qui trouvait commode de payer en papier timbré le crédit que la colère de l’aubergiste lui avait ouvert dans son café.

L’auberge avait une salle que l’on décorait pompeusement du nom de café, je crois même que l’on avait ajouté : À l’instar de Paris !