Page:Lacroix - La Perle de Candelair.djvu/228

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
220
LA PERLE DE CANDELAIR

Tous deux marchaient lentement, Étienne entourait d’un de ses bras la taille de la jeune fille, et comme elle était toute mignonne, tandis qu’il était grand, mince, élancé, il se penchait un peu vers elle pour la mieux soutenir et aussi pour pouvoir mieux l’embrasser, ce dont il se donnait à cœur joie. Mariette répondait à ses caresses par des mots affectueux et tendres qu’elle lui disait tout bas.

Mariette avait le cœur plein et joyeux ; Étienne ne s’était jamais encore montré ce qu’il était ce soir-là : franchement heureux, gai, fou parfois, enfant du Midi dans toute l’acception du mot, prenant son bonheur comme il lui venait, sans regarder en arrière pour en trembler, sans regarder en avant pour s’en méfier ; jouissant de l’heure présente avec la fougue de ses vingt ans et l’ardeur du sang méridional qui bouillonnait dans ses veines.

On a beau marcher doucement, on finit toujours par arriver. C’est ce qui advint aux jeunes gens ; ils se trouvèrent aux premières maisons de Candelair fort surpris d’être arrivés si vite.

L’horloge de Saint-Barthélémy sonna minuit au même moment.

Minuit à Candelair, savez-vous bien ce que c’est ? Savez-vous bien ce que cela peut-être ?

À Paris c’est l’heure des théâtres, des soirées, des soupers ; c’est l’heure joyeuse, vivante et folle ; c’est à peine l’heure à laquelle se couchent les bons bourgeois qui ne ferment point leur boutique avant onze heures.

Mais à Candelair ! minuit, c’est par excellence le temps du repos pour tous ; c’est l’heure du calme, du