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L’ONCLE ISIDORE

Mariette lui échappa en riant et se mit à courir vers la maison ; il la suivait, l’enveloppant tout entière de ses regards épris, admirant tout en elle : ses pieds mignons, ses cheveux brillants et jusqu’à ses petites boucles rebelles qui, à leur naissance, jouaient sur son cou.

Jamais il ne l’avait trouvée si charmante, si désirable ; il n’avait jamais si bien eu vingt ans.

Croyant avoir rompu toujours avec l’idéal, Étienne venait de se promettre de travailler et de prendre de bonne grâce la jolie fille qui se donnait de si bon cœur. Au demeurant il s’avouait qu’il était un heureux mortel, puisqu’une pareille maîtresse devait lui appartenir un jour.

Le repas fut gai. Jamais encore le pauvre garçon n’avait été à pareille fête. Lou-Pitiou qui dormait, repu, à côté d’une jatte de lait, encore demi-pleine, relevait de temps à autre sa paupière noire pour considérer, d’un œil étonné, le visage rayonnant de son maître.

Quand vint le soir, les deux enfants embrassèrent la vieille femme, qui le leur rendit largement, et reprirent le chemin de la ville.

Il faisait une de ces belles nuits claires et tranquilles que l’on ne voit que dans le Midi.

Lou-Pitiou marchait calme et muet, le nez dans les talons d’Étienne.

Le silence ne fut interrompu que par le bruit d’un baiser qu’Étienne donnait à Mariette.

Lou-Pitiou, à ce bruit qui se jetait au travers de sa rêverie, releva la tête pour considérer, de son grand œil doux et fin tout à la fois, le groupe charmant que formaient Étienne et Mariette.