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LA PERLE DE CANDELAIR

Réchauffez-vous sous mes baisers, mon cher Étienne. Moi je n’ai point quitté Candelair et j’ai appris, dans l’air et sous le soleil du pays, la plus grande de toutes les sciences celle de bien vous aimer. Inclinez-vous, mon beau savant, j’en sais plus et mieux que vous.

La jeune fille, après avoir empourpré son visage aux caresses folles qu’elle venait de faire à Étienne, releva fièrement la tête, et regarda le jeune homme de ses grands yeux noirs qui lançaient des éclairs.

Étienne s’était enivré de toute cette senteur de jeunesse et d’amour qui émanait de Mariette. Les paupières à demi-closes, la lèvre pâle, la tête appuyée au tronc d’un arbre, il se laissait vivre ; pour la première fois depuis bien longtemps, il ne pensait pas, il sentait.

Mariette, heureuse et fière de voir combien elle le dominait, avait pris une de ses mains dans les siennes ; elle la caressait doucement, par une de ces caresses de chatte que la plus naïve des femmes devine lorsqu’elle aime ardemment, laissant courir ses doigts amis sur la peau brûlante du jeune homme, elle le magnétisait pour ainsi dire par un attouchement égal et léger, et l’eût tenu longtemps ainsi si la nourrice n’eût crié de toute la force de ses énergiques poumons :

— À table, les enfants ; ne laissons pas refroidir le rôti.

— Allons, monsieur Étienne, dit à son tour Mariette en passant son bras sous la tête du jeune homme pour la relever, à table, embrassez-moi pour me donner grand, faim, voilà tout ce que j’autorise.

— Tu es adorable, reprit Étienne en l’embrassant comme un fou.