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LA PERLE DE CANDELAIR

La veuve eut les yeux pleins de larmes de reconnaissance. Elle s’empressa, dès le lendemain, de raconter la future bonne action de son frère avec tout l’attendrissement dont son âme droite et son cœur simple étaient capables.

La chose se répandit dans le milieu religieux que fréquentait Mme Daubrée, et vint au bout de quelques jours aux oreilles de M. le préfet. Ce fonctionnaire ne crut pas devoir moins faire que de complimenter son employé et de lui promettre de l’avancement, trouvant qu’il était juste et bien de l’aider dans la noble tâche qu’il avait entreprise.

Isidore Letourneur ne tarda pas, en effet, à être nommé chef de bureau, sans que personne songeât à blâmer cette nomination, tant Mme veuve Daubrée avait prôné partout le désintéressement de son frère.

Le nouveau chef de bureau lui-même, à force de s’entendre dire, sur tous les tons, et par tout le monde, qu’il était le meilleur en même temps que le plus dévoué de tous les hommes, était arrivé à le croire plus fermement que pas un article de foi. La bienveillance des uns, l’admiration des autres, lui semblèrent, dès lors, la chose la plus naturelle, et des hommages qui étaient parfaitement dus à ses vertus privées.

Tous les jours se ressemblaient si exactement, à la Chartreuse, que le temps s’écoulait sans que Mme veuve Daubrée, ni son frère s’en aperçussent. La petite fille avait été retirée de la campagne à l’âge où il avait été possible de la mettre en pension, et, pendant les dix années qu’elle y resta, elle ne sortit que bien juste aux jours réglementairement fixés par l’ordre de la communauté.