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L’ONCLE ISIDORE

veut. Enfin qu’on ne doit pas être méchant, lors même qu’on est malheureux, parce qu’on ne mérite plus l’amitié de personne, et qu’on n’est plus en paix avec soi, quand on fait, le soir, avant de se mettre au lit, son examen de conscience.

— Vous êtes donc malheureuse, vous, Mariette ? dit Étienne tendrement, en enfermant, plus étroitement encore, la jeune fille dans ses bras, comme s’il eût pensé que c’était pour elle un refuge où nul chagrin ne viendrait l’atteindre.

— Pas à présent, dit-elle, en levant vers lui un regard d’affectueuse tristesse, mais je vais vous raconter que je n’ai pas appris tout cela, sans en souffrir un peu.

On dit que rien ne se paye aussi cher que l’expérience.

Il faut bien le croire ! Je me suis dit que vous aimiez.

— Oh ! ne vous fâchez pas, dit-elle vivement en joignant ses mains comme pour une prière, en voyant les sourcils d’Étienne se rapprocher et donner à sa physionomie un air de mécontentement qu’elle n’avait pas tout à l’heure. Oh ! ne vous fâchez pas, je vous en prie, je n’oserais pas continuer.

Laissez-moi parler, je ne vous dirai rien qui vous fasse mal. Je crois avoir aussi appris à vous parler, sans vous faire souffrir. J’y ai pensé si longtemps que je dois y avoir réussi.

Étienne était vaincu. La douceur de Mariette le désarmait.

Il laissa aller sa tête sur l’épaule de la jeune fille, cacha ses yeux dans son cou, et lui dit :

— Parlez, Mariette, parlez, je vous écoute. De quoi