mande pas même la confidence de ce qui vous attriste. Si vous aviez pensé que cette confidence dût m’être faite, vous n’auriez pas attendu jusqu’à aujourd’hui. — Je ne vous demande qu’une chose, continua-t-elle d’une voix douce et basse le secret de vous distraire, le moyen de vous arracher à cette tristesse.
Étienne pressa dans ses mains les mains de la jeune fille. Il ne savait comment répondre à une tendresse si charmante.
— Je vous comprendrai bien, monsieur Étienne, quoi que ce soit que vous me disiez ; mon pauvre petit esprit a fait tant de chemin depuis quelque temps, il a tant couru, tant cherché, tant regardé ; il a pris tant de peine enfin, qu’il est devenu, je pense, moins sot qu’il n’était autrefois.
Dame ! vous savez, les voyages, cela enseigne. Au fait, si on n’apprenait rien de bon au dehors, il ne vaudrait pas la peine de se donner tant de mal.
— Qu’avez-vous donc appris, ma chère Mariette ? demanda Étienne en passant son bras autour de la taille de la jeune fille, et en la forçant ainsi à s’appuyer sur lui.
— Oh ! bien des choses ! soupira-t-elle en se laissant aller à l’impulsion que lui donnait le jeune homme, avec un abandon si plein de confiance, que l’affection d’Étienne en fut doublée.
— Mais encore ? demanda-t-il.
— D’abord que l’on fait bien souvent du chagrin à ceux que l’on aime le plus, quand, en les aimant, on pense davantage à soi qu’à eux. Ensuite, que l’on n’est pas maître d’aimer où l’on veut, qui l’on veut, quand on