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L’ONCLE ISIDORE

parcouru les allées en tous sens, elle le fit asseoir sur un banc de bois, à l’ombre d’une treille superbe, s’assit à côté de lui, s’empara de ses mains qu’elle enferma dans les siennes, et attachant son regard décidé sur le visage souriant du jeune homme, elle lui dit :

— Nous avons de gros comptes à faire nous deux, savez-vous bien, monsieur Étienne.

L’affectueuse intonation de sa voix n’avait d’égale que la mutinerie de son regard. Étienne sourit, mais ne répondit pas. Il regardait Mariette qu’il n’avait, lui semblait-il, jamais encore vue sous ce jour-là.

Le bonheur lui donnait de la distinction, de la grâce ; puis elle n’était plus en journée ; rien ne pesait sur elle ; ni la tâche à faire, ni le salaire à gagner.

C’était dimanche ; c’était fête ; c’était jour de liberté enfin, et la jeune fille savait très bien en faire, d’instinct, toute la différence dans son allure, dans son geste, dans sa parole.

Ce n’était plus l’ouvrière, c’était Mariette, la jolie fille ; c’était la Perle de Candelair !

— Oui, monsieur Étienne, reprit-elle, vous êtes un méchant ; vous êtes depuis quelque temps bien autrement triste encore que vous ne l’étiez autrefois : pourtant cela paraissait difficile ! Vous vivez encore plus seul ; vous ne vous donnez même plus la peine de dire un mot à votre petite Mariette, qui vous aime pourtant de tout son cœur.

Étienne allait parler ; la jeune fille porta vivement une de ses mains jusqu’à ses lèvres, pour lui fermer la bouche, ce à quoi elle réussit parfaitement.

— Je ne vous demande pas de raisons ; je ne vous de-