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LA PERLE DE CANDELAIR

En parlant ainsi, elle avait poussé la porte du logis, avait avancé des siéges autour de la table ; puis, avec cette grâce irrésistible des natures vraies, elle dit à la jeune fille :

― Fais les honneurs de la maison, Mariette, puisque tu es ici chez toi ; pendant ce temps, je m’occuperai du dîner.

— Oh ! oui, mère, s’écria l’ouvrière toute ravie ; faites-nous un de ces bons dîners, comme vous seule savez les faire. Nous nous mettrons à table de bonne heure pour y rester longtemps, comme lorsque j’étais toute petite, vous savez ? alors que je m’endormais au dessert, pendant que vous chantiez.

— Ah ! petit serpent ! dit la bonne femme, voilà comment elle s’y prend pour me faire faire tout ce qu’elle veut !

Elle embrassa la fillette avec le robuste appétit que lui donnait sa grande affection.

— Et moi ? dit Étienne en s’approchant de la paysanne, vous allez me rendre jaloux si vous ne m’embrassez point. Je suis envieux de bonheur aujourd’hui ; je veux qu’on m’aime aussi.

Ce disant, il embrassa l’excellente femme qui lui rendit son baiser de bon cœur.

— Allez courir au jardin, les enfants, dit-elle, pendant que je vais tuer un poulet et faire une galette.

— Une galette ! s’écria la jeune fille. Allons vite à la recherche de l’appétit.

Elle entraîna Étienne, qui ne s’était pas trouvé si calmement heureux depuis bien longtemps, lui fit voir tout le jardin, et quand ils furent arrivés au fond, après avoir