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L’ONCLE ISIDORE

m’aimiez plus, quoique je vous aie fait du chagrin.

— Vous avez raison, monsieur Étienne. Est-ce que je puis vous en vouloir, moi ? Je suis bien trop votre amie pour cela. Et puis, je ne sais vraiment pas à quoi je pensais aller sur la montagne, me fatiguer beaucoup, suivre les sentiers difficiles où l’on n’a pas le temps de causer, tant il faut prendre garde pour ne point faire la culbute.

Ah ! vraiment, j’étais une folle ! Vous seul avez raison, toujours raison, monsieur Étienne.

Elle sourit deux ou trois fois d’un sourire un peu triste ; un peu forcé peut-être ; mais elle voulait rassurer le jeune homme, ne point lui laisser voir surtout le travail que venait de faire son esprit.

— Bien sûr, s’était-elle dit pendant qu’Étienne la tenait dans ses bras, il a quelque triste souvenir dans la montagne à propos de Mme Malsauge ; il a été endormir là-haut quelque grosse peine ; il a peut-être été y cacher ses larmes, il craint d’y trouver et d’y réveiller tout cela. Pauvre M. Étienne ! c’est moi qui l’ai chagriné sans le vouloir, je suis une sotte, et c’est lui qui me console et m’embrasse.

Allons je vais être bien bonne et bien gaie toute la journée pour racheter ma maladresse.

— Pauvre fille, comme elle est bonne, disait Étienne à part lui ; comme elle m’aime.

Dans sa reconnaissance, il attachait sur la jeune fille un regard si affectueux, qu’elle se trouva bien largement payée de la bonne pensée qu’elle venait d’avoir.

— Voulez-vous, dit-elle, tout à fait rassurée et presque joyeuse en voyant la nouvelle expression du visage