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L’ONCLE ISIDORE

ter, que son camarade attendait Étienne, elle s’assit au bord du sentier pour l’attendre aussi.

Le jeune homme n’arriva que longtemps après.

Il marchait lentement ; la tristesse qui s’était glissée au milieu de son bonheur, sans l’abattre tout à fait, l’avait rendu plus indifférent à ses belles promenades.

Lou-Pitiou l’avait aperçu de loin : il était parti comme un trait au devant de lui.

Mariette, après s’être levée un peu surprise, se rassit vivement, fort émue, en apercevant Étienne qui caressait le chien tout en marchant.

Quand les pas du jeune homme résonnèrent plus près, plus près encore, la jeune fille n’osa pas même lever la tête. Elle se sentait fort inquiète et troublée, elle si brave le matin encore : elle se demandait avec une certaine anxiété :

« Comment va-t-il me recevoir ? »

Il est fort probable que sans Lou-Pitiou Étienne fût passé devant elle sans s’apercevoir qu’elle était là, dans l’ombre de la haie, le cœur agité, l’âme tout émue. Mais comme Lou-Pitiou ne comprenait rien à cette absorption de l’esprit de son maître, et qu’il ne lui connaissait au reste aucune raison particulière pour ne point faire attention à Mariette, il donna trois ou quatre coups d’une voix joyeuse, quand il vit le jeune homme dépasser la jeune fille de quelques pas.

En même temps, il faisait un bond de côté pour aller caresser l’ouvrière, à laquelle il ne gardait point rancune de l’emprisonnement que ses doigts avaient fait subir à son oreille.

C’était un digne cœur que ce Pitiou, conservant seu-