Page:Lacroix - La Perle de Candelair.djvu/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
197
L’ONCLE ISIDORE

quelle sainte pitié on les entourerait ! Les choses ne vont pas ainsi on ne croit qu’à la peine qui porte un masque usé, vieux ou flétri.

Un beau dimanche, Mariette, à laquelle la transformation chagrine du jeune homme ne pouvait échapper, tant chaque jour son cœur s’attachait plus intimement à lui, résolut d’avoir son secret, d’apporter le remède de sa jeunesse et de son amour à ce mal qui l’absorbait et le minait.

Dans la coquetterie de sa charité elle se fit belle, bien belle.

Lorsqu’elle fut très brave, et que, malgré les sérieuses pensées qui l’agitaient et la poussaient, elle se fût souri dans son petit miroir, toute fière de se trouver elle-même si fort avenante, elle mit le pied sur la première marche de l’escalier d’une façon toute décidée.

Elle n’avait ni tremblement intérieur, ni hésitation, ni trouble. Son cœur lui disait qu’elle faisait bien, elle obéissait à son cœur sans discuter avec lui ; ce qui est assez le propre des jeunes filles lors des premiers pas qu’elles tentent en amour.

— Que te voilà belle, Mariette ! dirent à leur fille le portefaix et sa robuste moitié. Gare à ton amoureux, pour peu qu’il soit jaloux.

— Je n’ai jamais eu d’amoureux, dit la jeune fille ; je n’en veux pas. Ma mère le sait bien.

— Ah ! l’enjôleuse, va ! reprit la grosse marchande.

— Vous soignerez bien Lou-Pitiou, n’est-ce pas, si je revenais tard ? continua l’ouvrière en jetant à sa mère un regard affectueux qui équivalait à une prière.

— Tu as donc des projets, la fille ? demanda le père.