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LA PERLE DE CANDELAIR

Donc, sous prétexte de venir en aide à la jeune femme dont le présent était assez difficile, et dont l’avenir n’avait rien de brillant, il offrit un asile à la veuve, ce qui lui valut l’approbation de tout le monde.

Puis, comme il n’aimait pas les enfants, il prétendit que la petite était chétive, qu’elle avait besoin de l’air des champs ; bref il la fit mettre à la campagne. Cela fut pris pour de la sollicitude de sa part et lui mérita la sympathie des cœurs affectueux.

Adèle Letourneur devenue Mme Daubrée, puis Mme veuve Daubrée, était, au moment où son frère l’installa dans sa maison, une toute jeune femme très-douce, très-pieuse, très-modeste ; trop douce, trop pieuse, trop modeste, devrions-nous dire, car ces qualités deviennent des défauts, quand elles amènent une trop complète défiance de soi et une trop entière abnégation.

C’était le cas de Mme Daubrée, qui exagérait dans son cœur ce qu’elle devait à son frère, et ne savait point mettre en ligne de compte les services qu’elle lui rendait.

La pauvre femme ne se doutait même pas qu’elle put être utile ; elle n’avait qu’une crainte, celle de ne pouvoir jamais faire assez pour s’acquitter de l’hospitalité reçue.

M. Letourneur la confirma davantage encore dans ces dispositions par un long discours sur les vertus et les devoirs d’une femme, dans la position où elle se trouvait, ainsi que sur les sacrifices qu’il s’imposait pour elle. Il savait bien que la chose n’était pas très nécessaire, mais il ne voulait avoir rien à se reprocher, vis-à-vis de son égoïsme, et tenait à donner aux choses et aux gens, dès