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L’ONCLE ISIDORE

bien mieux la jeune femme au fond de son âme qu’il ne la voyait en réalité, quoique ses regards ne la quittassent pas.

Mme Hélène ne le comprit pas entièrement et continua avec plus de laisser-aller que si elle eût été dans son salon, grâce à cette raison bien simple qu’on subit presque toujours l’influence du milieu dans lequel on se trouve :

— Je vous veux une position. Je suis vaniteuse, moi ; il faut que mes amis soient quelque chose.

— Être votre ami, n’est-ce pas assez ? demanda Étienne.

— Pas pour moi, sans doute, puisque je veux plus encore, répondit Mme Hélène, qui n’ignorait pas qu’il lui faudrait vaincre bien des résistances avant d’arriver à son but pousser Étienne dans une carrière où elle pourrait employer son influence pour lui.

— Je ne puis rien autre chose, dit le jeune homme.

— On peut toujours ce que l’on veut, répliqua Mme Hélène, en laissant percer dans sa voix ce ton un peu sec et tranchant que les femmes du monde, habituées à voir tout plier devant elles, emploient d’instinct lorsqu’elles se trouvent en face d’une résistance qu’elles ne peuvent vaincre aussi vite qu’elles le désirent.

— On le dit, répondit Étienne, qui eut sur les lèvres un sourire un peu triste et dans l’œil comme un ressouvenir de ses luttes passées et de leur insuccès ; on le dit, madame, mais ne le croyez pas, car cela n’est pas vrai.

— Peut-être ! Je ne change pas d’avis si facilement que cela, répondit Mme Malsauge. Jusqu’à preuve con-