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LA PERLE DE CANDELAIR

ner un moment de peine, quelque passager qu’il pût être.

— Je le sais, dit la jeune femme en mettant d’elle-même sa main fluette et blanche aux mains du jeune homme, avec un mouvement d’une grâce infinie, comme pour lui donner confiance en ses paroles et courage pour lui répondre.

Étienne avait la fièvre : ses mains brûlaient. La main fraîche et moite de la jeune femme, au lieu de leur communiquer quelque chose de sa fraîcheur et de son calme, activait cette fièvre qui allait toujours croissant, si bien que son cœur, ce pauvre cœur si tranquille auprès de Mariette, battait, éperdu, dans cette poitrine d’enfant, qu’il semblait vouloir briser.

— Je sais que vous m’aimez un peu, reprit Mme Hélène en souriant ; je vous le rends de bon cœur.

Mais les affections stériles sont comme les arbres qui fleurissent sans porter de fruits : elles n’ont qu’un demi-mérite. Je ne veux rien de semblable entre nous.

Je vous permets donc bien d’être sauvage tout un été, tout un bel été, oui, monsieur ; mais je n’accorde rien au delà. Je veux que vous soyez quelque chose, ne fût-ce que par affection pour moi.

Étienne étouffait. Ses mains s’étaient refermées sur la main que lui avait gracieusement abandonnée Mme Hélène. Il s’était presque agenouillé sur la mousse à côté d’elle ; ses yeux qui ne quittaient pas ses lèvres si pleines de finesse et de bienveillance, étaient plus noyés et plus brillants que d’habitude. Une larme d’émotion, de jeunesse, de bonheur, y mettait comme une double lumière qui l’éblouissait lui-même, au point qu’il voyait