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L’ONCLE ISIDORE

tous. — Mais cherchez, continua-t-elle ; vous êtes bien plus apte que moi à ce travail. — Songez seulement que j’ai des amis qui peuvent beaucoup et que par eux je puis quelque chose.

À force d’écouter, Étienne comprit que Mme Malsauge lui offrait sa protection.

L’enfant tomba de haut sur ce rude rocher de la vie réelle ; mais son amour et son aveuglement avaient la vie dure ; aussi, ne se trouvèrent-ils que blessés, alors qu’ils auraient si bien pu mourir brusquement, du coup reçu. Il répondit enfin à la jeune femme qui tâchait de s’expliquer son silence et son air de tristesse :

— Je crois, madame, que vous vous donneriez bien du mal pour fort peu de chose. Je me sens impropre à tout, par contre, fort impuissant à être protégé.

Le marquis se promenait en ayant l’air d’admirer la campagne, à laquelle il prêtait, au fond, une très légère attention. Il voulait laisser à Mme Hélène toute liberté, afin qu’elle pût sans effaroucher le jeune homme, lui parler d’un avenir auquel Mme Malsauge et lui s’intéressaient également.

— Impuissant à être protégé ! s’écria Mme Hélène, y pensez-vous, Étienne ? reprit-elle plus doucement, en oubliant à dessein de dire « monsieur », ce monsieur qui tient toujours un peu à distance. Son nom avait été prononcé d’une voix caressante. Étienne pour un instant retrouva son rêve, que déjà il croyait avoir perdu.

— Savez-vous bien toute la peine que vous me faites en parlant ainsi ? reprit Mme Malsauge.

— Je vous dis ce que je sens, madame, répondit Étienne. Je ne voudrais pour rien au monde vous don-