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L’ONCLE ISIDORE

du peuple prenant le dessus, elle se sentait prise de rages sourdes à l’endroit de cette femme frêle et mignonne.

Mme Malsauge n’avait rien compris à ce caprice de la jeune fille. Elle fit faire tant d’avances — car il faut bien avouer que Mariette était la plus gentille et la meilleure ouvrière de Candelair — que la pauvre enfant était forcée, dans la crainte de laisser deviner son secret, de travailler encore de temps à autre pour son ennemie, qui se montrait pour elle d’une bonté charmante.

Étienne, cependant, retrouva sur la montagne, le lendemain et les jours suivants, Mme Hélène et le marquis de Ferrettes.

Mme Hélène était trop fière du premier pas fait par son sauvage pour ne pas vouloir tenter d’obtenir davantage : elle se montrait donc tous les jours plus charmante.

Du plus loin qu’elle voyait Étienne, elle lui faisait de la main un signe d’amitié et lui donnait cette main à baiser quand elle était près de lui.

— Monsieur Étienne, lui dit-elle un jour, après avoir amené la chose assez habilement pour qu’il ne se doutât de rien jusqu’au moment où elle aborderait ce qu’elle appelait : « une grosse question », le temps des promenades ne dure pas toujours. Les jours tristes et sombres prendront à leur tour la place de tout ce soleil, de toute cette clarté.

Étienne n’avait pas encore songé qu’il viendrait un hiver, et qu’alors il ne verrait plus Mme Hélène dans les sentiers de la montagne. Cette vérité le blessa au cœur comme un coup de foudre. Il regarda la jeune femme d’un air si tristement surpris, que, malgré toute la sym-