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LA PERLE DE CANDELAIR

suis quinteux ; tantôt triste, l’instant d’après plus fou qu’il ne vous convient peut — être.

Ils entraient dans la ville : d’instinct ils se mirent à parler bas tous les deux.

— Non, dit-elle, vous savez bien que je vous aime toujours de quelque façon que vous soyez.

— Que vous êtes bonne, Mariette, dit Étienne en quittant la jeune fille, qui était arrivée à quelques pas de sa porte. Oh ! quelle bonne nuit je vais passer ! Pensez un peu à moi, chantez la jolie chanson de tantôt, je l’entendrai de là-bas ; elle me bercera encore.

— Je vous le promets, dit Mariette en rentrant vivement. « Hélas ! pensait-elle, si je suis heureuse en sachant qu’il ne m’aime pas, que serait-ce donc s’il m’aimait ? »

Étienne était un brave garçon qui n’eût voulu, pour rien au monde, tromper une enfant confiante et bonne comme l’était Mariette.

Par un compromis assez commun, il lui semblait n’avoir rien à se reprocher tant qu’il n’en avait pas fait sa maîtresse, — ce qui n’arriverait jamais, se promettait-il tout bas.

Mariette qui après tout n’était pas en peine d’employer ses journées et qui ne se sentait humble et soumise que devant l’homme qu’elle aimait, avait à peu près cessé de travailler pour Mme Malsauge.

La bienveillance de Mme Hélène lui pesait, et elle n’avait pas le courage de s’occuper chaque jour à la faire plus belle.

Rien que de la voir heureuse, calme, fière, lui faisait monter le sang à la tête. Elle y voyait rouge et la fille