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L’ONCLE ISIDORE

sait guère, au reste, mais qui, néanmoins, la rendaient un peu songeuse, si peu toutefois et pour si peu d’instants, qu’Étienne ne s’en aperçut même pas.

— C’est, lui disait Étienne, le baiser que vous avez donné pour moi au Pitiou, que je vous rends.

— Mais je ne lui en ai donné qu’un, disait la jeune fille.

— Je ne vous crois pas, répliquait le jeune homme ; vous l’aimez bien trop pour ne l’embrasser qu’une fois.

— Je vous assure pourtant, continuait Mariette…

— Alors ce sont les intérêts, disait Étienne.

— Mais je ne suis pas usurière à ce point, monsieur Étienne, et de ses petites mains brunes, elle essayait de cacher son visage.

— Oh ! la méchante fille ! reprenait Étienne en embrassant les mains à défaut de la figure.

Étienne avait raison : ce n’était pour lui qu’un plaisir des lèvres et de l’esprit, le cœur seul de Mariette y était pour quelque chose.

À la fin, il se trouva que le jeune homme était joyeux et gai tout seul ; ses lèvres n’avaient pas en vain pressé le front de sa compagne. Mariette avait la tête brûlante ; sa main n’osait ni quitter ni retenir celle d’Étienne, et de gros soupirs qu’elle essayait d’étouffer venaient par moment se mêler à la joie bruyante du petit-fils de Mme Daubrée.

— Vous voyez bien, je vous ennuie, lui dit-il enfin.

Mariette était trop émue pour répondre vite.

— Vous savez bien que non, dit-elle cependant.

— Hélas ! reprit Étienne en soupirant à son tour, je