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LA PERLE DE CANDELAIR

en même temps que le pouvoir de se protéger elle-même.

Ce premier besoin de protection ôté, les relations morales ne se trouvent nécessairement plus dans les mêmes conditions. Les femmes ont toutes à l’encontre de l’homme, chez les gens du peuple, une force intellectuelle qui les rend presque toujours de bons guides pour leurs maris ou leurs frères, vivant beaucoup par la raison, peu par l’esprit, et laissant assez volontiers aller leur cœur comme un enfant, pour lequel il n’est pas juste d’être trop sévère, puisque toutes les joies doivent venir de lui.

Les filles du peuple gagnent à cela une certaine naïveté brutale, dans leur tendresse, je ne sais quoi de maternel, de protecteur, dont elles entourent, sans en avoir conscience peut-être, l’homme qu’elles aiment.

C’était donc cette part maternelle du cœur de Mariette qui berçait Étienne avec amour ; car il ne faut pas croire que l’humilité soit incompatible avec l’instinct de la protection.

— Il est bien tard, Mariette, dit Mme Daubrée, qui n’osait, dans la pureté de sa conscience, quoiqu’en murmurât son économie, laisser veiller chaque soir la jeune fille au-delà de l’heure due.

— Je vais encore finir la pièce que je tiens, répondit l’ouvrière, dont le regard alla, à son insu peut-être, chercher celui d’Étienne.

— Je vous accompagnerai, Mariette, dit le jeune homme, en réponse à la muette question de la jeune fille.

L’ouvrière enfin, plia le linge qu’elle tenait, secoua