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L’ONCLE ISIDORE

« la première autorité du département » eût dit l’oncle Isidore.

Le lendemain elle reprit ses pérégrinations au travers de la montagne, mais à son grand étonnement elle n’y rencontra pas Étienne, qui, dès le petit jour, s’était rendu dans un coin de son domaine où il était bien sûr que nul ne viendrait troubler sa solitude.

Il avait voulu, le pauvre enfant, donner à son esprit et à son corps brisé, une trêve de vingt-quatre heures.

Vers le soir, l’idée de Mariette se présenta à son esprit, il se souvint qu’en sortant du théâtre la veille, il avait oublié le baiser promis. Il eut presque un remords de cette ingrate omission. Il fallait qu’il eût l’esprit bien généreux pour se souvenir de quelqu’autre que de Mme Hélène, dont tout son être était pleinement occupé depuis longtemps. Mais peu à peu, à proportion qu’il descendait vers Candelair, Mariette l’occupait davantage.

Il la voyait toute rougissante, tout heureuse, comme le jour où ils avaient causé de si bonne amitié dans le chemin des jardins.

Le sourire évoqué par ce charmant souvenir erra longtemps sur ses lèvres ; il prenait même à ces pensées un plaisir tout particulier. Pour rester tout-à-fait en paix avec lui-même, ne point laisser d’ombre à ce riant tableau, il se promit d’accompagner Mariette le soir même, et de s’acquitter de sa dette du meilleur de son cœur, la chose n’ayant en elle-même rien de désagréable.

En rentrant et en attendant l’heure du dîner, le jeune homme vint prendre sa place près de l’ouvrière, qui l’accueillit par un doux regard affectueux mais triste.