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LA PERLE DE CANDELAIR

que je ne suis venu ici que pour elle et parce qu’elle m’a dit : « Je veux vous y voir. »

Sans retourner la tête il sortit et gagna les rues à peu près désertes à cette heure.

Mme Hélène chercha longtemps des yeux son sauvage au milieu de toutes les jeunes têtes qui se trouvaient là. M. Malsauge, qui voulait le revoir aussi, afin de savoir si le second regard lui serait aussi favorable que le premier, se pencha vers la salle.

— Vous cherchez M. Jussieux ? demanda le marquis, qui s’était mis au fond, dans un coin, sous prétexte de s’abriter de la lumière trop vive, mais en réalité pour prendre un à-compte sur le sommeil qu’on lui faisait perdre. C’est inutile, il n’est plus dans la salle.

— Ah ! vous croyez, dit M. Malsauge en continuant ses infructueuses recherches.

— J’en suis sûr.

— Ma foi ! Hélène, c’est affaire à vous d’avoir conduit jusqu’ici un garçon de cette trempe, dit M. Malsauge. J’aime la jeunesse ainsi faite, moi ; cela donne presque de la fierté d’avoir été jeune autrefois.

La jeune femme tendit à la dérobée la main à son mari qu’elle aimait, avec un profond attachement, pour la grandeur de son caractère et la noblesse de son cœur.

— C’est en effet un étrange jeune homme, ajouta M. le Préfet ; il a ma foi fort bonne grâce au milieu de sa sauvagerie.

Mme Hélène était toute fière, quoiqu’elle n’en laissât rien voir, de l’admiration qu’avait éveillé Étienne chez des hommes du monde aussi experts que son mari et