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L’ONCLE ISIDORE

rance se soutînt encore, car la toile venait de se baisser sur le second acte sans qu’Étienne fût arrivé.

Le préfet, le marquis de Ferrettes et M. Malsauge étaient à causer avec la jeune femme, quand l’ouvreuse poussant la porte de la loge, livra passage à M. Jussieux, que sa belle fièvre n’avait pas quitté.

Le marquis, jugeant à la subite rougeur d’Étienne, qu’il était grand temps de lui venir en aide, se fit un peu son parrain. Il le présenta à M. Malsauge, puis au préfet.

Étienne s’était incliné devant la jeune femme en lui disant d’une voix rendue basse par l’émotion :

— Vous l’avez voulu, madame, que votre volonté soit faite.

Il resta quelques secondes à peine, remercia le marquis de Ferrettes d’un de ces beaux regards pleins de gratitude qui sont une immense action de reconnaissance, eut le talent de gagner les bonnes grâces de M. Malsauge, qui fut frappé de sa beauté, de sa jeunesse, et surtout de la distinction de sa fière allure.

Il eut le rare talent de se faire pardonner par M. le préfet tout ce qu’il avait gagné dans le cœur de Mme Malsauge, en même temps que la bienveillance avec laquelle Mme Hélène l’avait accueilli.

À peine fut-il loin de tous les regards, loin de l’œil bleu de la jeune femme surtout, qu’il se sentit défaillir. Après la fièvre venait l’abattement. Il fut forcé de s’appuyer à la muraille en traversant un des sombres corridors du théâtre : ses jambes se dérobaient sous lui.

— Je veux bien, disait-il en lui-même, qu’elle sache