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LA PERLE DE CANDELAIR

— Donnez-lui ce qu’il vous demande, madame, et pour ce qui est du péché, nous ferons une neuvaine à son intention, afin que le bon Dieu lui pardonne.

— Ah ! oui, nous ferons une neuvaine, dit Mme Daubrée en joignant les mains ; une neuvaine pour obtenir le pardon de son péché, puis nous en ferons une seconde pour que mon frère ne sache jamais rien de cette grosse dépense.

Ce disant, la digne femme sortit du fond de ses poches deux belles pièces de cinq francs, sur le sort desquelles elle soupira profondément.

Mariette reprit sa place aussi vite qu’elle l’avait quittée. Quand Étienne redescendit, les yeux brillants, la lèvre humide et rouge, la joue pâle, son bouquet à la main, il se trouva en face de sa grand’mère, qui n’avait pas changé de place.

Elle tenait dans sa main ridée, toute ouverte, les dix francs qu’il lui avait demandés.

Étienne prit les deux pièces blanches, appuya religieusement ses lèvres en feu sur les mains de la vieille. femme et sortit sans dire un mot. Quelques moments après, pendant qu’il prenait son billet au contrôle, dans la salle à manger, auprès de la modeste lampe recouverte d’un abat-jour vert, qui éclairait les soirées de la Chartreuse, Mariette et Mme Daubrée récitaient à haute voix, avec componction, toutes les deux, les prières de leur neuvaine.

Mme Hélène, qui ne doutait pas de son sauvage, était venue sans bouquet. Il ne fallait rien moins que la foi robuste qu’elle avait en son pouvoir pour que son espé-