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L’ONCLE ISIDORE

à plusieurs reprises si c’était bien cet enfant toujours si soumis et si taciturne qu’elle entendait — ma mère, écoutez-moi bien, il me faut 10 francs ; 10 francs, reprit Étienne en souriant amèrement ; donnez-les moi, je vous prie, tout de suite, à moins que vous ne préfériez que j’aille trouver mon oncle à son cercle pour les lui demander.

— Tu n’oserais pas, je pense, s’écria la brave dame, effrayée de l’audace de cet enfant.

— Pardon, ma mère, j’oserai. Je monte chez moi donner un coup de brosse à mes habits, à mes cheveux, puis je redescends. Si d’ici là vous ne vous êtes pas décidée à bien accueillir une prière que je vous adresse au reste pour la première fois, je vais trouver mon oncle.

Sans écouter sa grand’mère, qui, dans sa frayeur de lui voir porter une requête de ce genre jusqu’à l’oncle Isidore, murmurait d’une façon presque inintelligible :

— N’y vas pas ! n’y vas pas ! je ferai ce que tu demandes ; mais ne le dis à personne au moins. Ah ! mon enfant, ne le dis pas !

Étienne avait enjambé les quelques marches qui le séparaient de sa chambre ; en un tour de main il eut changé de linge, de chaussure, et après s’être passé le visage et les mains dans de l’eau fraîche, il redescendit.

Pendant ce temps, Mariette, qui travaillait dans la salle à manger, avait deviné ce qu’elle n’avait pas entendu de la conversation de Mme Daubrée et de son petit-fils. Elle vint à pas légers tirer la brave dame par la manche, et connaissant son endroit sensible, lui dit à voix basse :