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LA PERLE DE CANDELAIR

gées, les fiévreuses émotions des hommes jeunes.

Quand il se réveilla, il faisait presque nuit.

S’emparer du bouquet, descendre comme une avalanche des hauteurs de la montagne jusqu’à Candelair, fut pour Étienne aussitôt fait que pensé.

En arrivant aux portes de la ville, il fut rejoint puis suivi par Lou-Pitiou qui, fidèle à son itinéraire journalier, attendait son ami, depuis le matin, sur la route, à sa place accoutumée.

Rien n’arrêta le jeune homme, ni les aboiements joyeux de la pauvre bête, ni les manifestations bruyantes. du bonheur qu’elle éprouvait à le retrouver, après l’avoir attendu si longtemps. Il marcha, toujours vivement, jusqu’à la Chartreuse, où il arriva avant que son oncle ne fût rentré de sa promenade par la ville.

— Ma mère, dit Etienne à Mme Daubrée, il me faut de l’argent ; voulez-vous m’en donner, je vous prie ?

— De l’argent ! malheureux enfant ! s’écria la brave dame en levant les yeux et les mains vers la voûte céleste, qu’elle accablait en toute occasion de regards désespérés ou suppliants, selon les circonstances. Te manque-t-il quelque chose ici ? De l’argent ! qu’en veux-tu faire ?

— Payer mon entrée au théâtre, répondit Étienne d’une voix ferme, assurée, comme s’il disait une chose toute naturelle.

— Ah ! le malheureux enfant, il perd la tête, dit Mme Daubrée. Dépenser de l’argent, et pourquoi faire encore, grand Dieu ! pour damner son âme.

— Ma mère — dit Étienne, d’un ton respectueux, mais tellement décidé que la digne femme se demanda