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L’ONCLE ISIDORE

bre qui, dans le rêve, se dressaient au-devant de leurs pas, tout aussi terribles et menaçantes que dans la réalité. Quand il l’eut conduite dans la partie la plus inaccessible, il lui faisait un bouquet, il la couronnait de fleurs ; mais un souffle brûlant passait sur leurs têtes, les fleurs tombaient en cendres autour de la robe blanche de Mme Hélène, qui pâlissait à son tour, penchait la tête sur son épaule, comme si la vie l’abandonnait.

Une sueur froide perlait à la racine de ses cheveux. Il voulait enlever la jeune femme dans ses bras, redescendre avec elle vers la plaine, loin de ces fleurs mortes, loin de cet air brûlant ; et ce corps léger, souple, mignon, qui n’eût pas pesé plus qu’un souffle à son bras nerveux, restait inerte, malgré tous les efforts qu’il faisait pour l’emporter.

L’extrême douleur qu’il ressentait le tirait alors de cette torpeur pleine de souffrances aiguës. Il ouvrait les yeux et se trouvait seul dans sa chambre. Mais l’hallucination, chassée pour un moment, revenait bientôt, prenant une autre forme, un autre aspect, toujours pénible et douloureux.

Le jour apporta le calme à ce cerveau bouillant. Il se leva, sortit de Candelair, alors que tout le monde dormait encore, et se mit en chemin pour aller voir le théâtre de ses rêves étranges et fous.

Il gravit la montagne tout seul pour la première fois depuis bien longtemps : le pauvre chien, camarade fidèle de ces dangereuses promenades, dormait chez Mariette, ne se doutant pas plus que la jeune fille de ce qui se passait à cette heure.

Aux premiers rayons du soleil, Étienne atteignit cet