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LA PERLE DE CANDELAIR

un sous-préfet, harnaché dans un habit noir comme un solliciteur, aux portes d’un ministre. Il me semble qu’il avait raison, le vieux monsieur, et je crois que tout le monde était un peu de mon avis.

Les deux jeunes gens étaient arrivés en face de la porte de Mariette.

— Embrassez Lou-Pitiou pour moi, dit Étienne tout bas en prenant congé de la jeune fille. Si vous le permettez, je vous le rendrai demain.

— Avant d’aller au théâtre ? demanda simplement mais tristement Mariette.

— Non, en revenant, lui répondit Étienne.

Cette jeune fille est une bonne créature, pensait le jeune homme en regagnant la Chartreuse. Pourquoi ce qui suffirait à mes yeux ne suffit-il pas à mon esprit ? Tant d’autres seraient heureux à ma place de la sympathie de cette enfant !

Eh bien ! non : parce que, comme un curieux des choses de l’esprit, j’ai aperçu, par la porte des rêves, un coin du paradis qui n’est pas pour moi, me voilà dégoûté des bonheurs de la terre.

Étienne était de mauvaise humeur ; il en voulait aux autres, il en voulait à lui-même.

Il rentra directement chez lui et se coucha. Personne à cette heure n’étant là, pour constater sa faiblesse, il pleura à sanglots, enfonçant sa tête dans son oreiller.

Il eut toute la nuit une fièvre terrible, que traversait le doux et charmant visage de Mme Hélène. Il lui semblait tenir dans ses mains brûlantes les mains souples et fraîches de la jeune femme. Il l’entraînait tout au haut de la montagne, à travers des difficultés sans nom-