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LA PERLE DE CANDELAIR

donné de moi une mauvaise opinion ; que vous vous méfiez de mes sentiments pour vous, mais ne dites pas que vous ne souffrez point.

Je me connais trop bien aux soupirs, pour qu’il soit possible de me donner le change.

— Je m’ennuie, Mariette, dit le jeune homme, voilà tout.

Ce gros soupir, qui vous a tant affectée, n’a pas d’autre cause.

— Monsieur Étienne, vous êtes cruel, continua la jeune fille. Je croyais pourtant que nous avions fait la paix ce matin ; mais je vois ce soir que si vous pardonnez, vous n’oubliez pas.

— Mariette, dit le jeune homme à demi voix, vous me poussez jusque dans mes derniers retranchements. Vous allez me forcer à vous faire une confidence qui vous attristera.

— Rien ne m’attristera autant que de vous voir chagrin tout seul, répondit Mariette.

— Eh bien ! reprit Étienne en faisant comme un effort sur lui-même. Demain soir j’ai besoin d’être très-beau et je suis fort en peine des moyens à prendre.

— Demain au soir, il y a spectacle, pensa Mariette ; Mme Malsauge y sera. C’est pour être vu par elle qu’il veut se mettre en toilette.

L’esprit de la jeune fille faisait un travail bien douloureux pour son pauvre cœur. Elle voulait faire plaisir à Étienne, lui faire plaisir avant tout. Elle avait trop souffert depuis le temps qu’il passait près d’elle sans lui dire un mot, et, à quelque prix que ce fût, elle voulait se faire son amie, sa confidente même, s’il le fallait, plutôt