Page:Lacroix - La Perle de Candelair.djvu/170

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
162
LA PERLE DE CANDELAIR

Étienne se sentit vaincu : la belle Hélène avait dompté son sauvage.

Le soir, il rentra de meilleure heure que d’habitude, et Mariette, en le voyant arriver, ne douta pas que ce ne fût pour causer avec elle. Dans sa joie, elle leva un regard tout reconnaissant sur le jeune homme. Mais il ne lui fallut pas longtemps pour reconnaître combien il était préoccupé.

La paix était faite depuis le matin ; aussi n’hésita-t-elle pas à dire :

— Qu’avez-vous, monsieur Étienne ? Vous avez l’air tout triste.

Le jeune homme eut beau s’en défendre, elle secoua la tête d’un air de doute et lui dit, au moment de s’en aller, en pliant avec soin son ouvrage qu’elle devait reprendre le lendemain :

— Je ne suis pas aussi méchante que sotte, monsieur Étienne, quoique jusqu’à présent je vous aie à peu près prouvé le contraire, chaque fois que j’en ai trouvé l’occasion.

J’ai pour vous assez de bonne amitié pour vouloir de tout mon cœur être votre confidente.

Ce n’est pas par curiosité, ce que je vous en dis, continua-t-elle en levant son beau regard ému sur le jeune homme, mais bien par affection. Quand on a du chagrin, rien ne soulage autant que de pouvoir le dire à quelqu’un qui sera pour le moins aussi peiné que nous de notre peine.

Étienne eût bien pleuré s’il eût osé, mais à vingt ans, un homme a toujours un peu de vanité à l’endroit de