Page:Lacroix - La Perle de Candelair.djvu/168

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
160
LA PERLE DE CANDELAIR

moi, continua Étienne, qui s’apercevait que l’embarras de Mariette augmentait à mesure qu’il parlait.

— Je le vois souvent. C’est assez naturel, continua Mariette, comme si elle eût pensé que son intimité avec Lou-Pitiou avait besoin d’une explication. La pauvre bête se tourne plus volontiers vers ceux qui le flattent que vers ceux qui lui donnent des coups.

— Il va de préférence vers ceux qui lui donnent aussi la soupe, n’est-ce pas, Mariette ? reprit Étienne pendant que la pauvre petite baissait la tête sur son ouvrage, aussi honteuse que si sa charité eût été une mauvaise action.

Vous êtes un brave cœur, je vous remercie, lui dit alors le jeune homme de sa voix douce et affectueuse, en tendant vers elle sa bonne main tout ouverte. Voulez-vous me pardonner mes méchantes paroles de l’autre jour ? continua-t-il doucement. Je ne vous connaissais pas, Mariette : je m’en repens aujourd’hui.

Il y avait dans la voix, dans le geste d’Étienne, une grandeur pleine de noble simplicité, qui fut droit au cœur de la jeune fille. Elle sentit une larme d’attendrissement rouler sous sa paupière.

— Quand on souffre, on ne dit pas toujours ce qu’on voudrait dire, monsieur Étienne. Je ne le sais que trop, moi dont les paroles ne disent jamais bien ce que je ressens là.

Au lieu de mettre sa main dans celle que lui tendait Étienne, elle l’appuya sur son cœur.

La paix était faite.

En allant sur la montagne où il était à peu près sûr de rencontrer Mme Hélène, son bonheur presque quoti-