Page:Lacroix - La Perle de Candelair.djvu/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
157
L’ONCLE ISIDORE

dus droits. Aussi n’en parla-t-il plus, à son grand regret. Abordant la chose d’un autre côté, il proposa à M. Letourneur un marché duquel il eût retiré, moyennant finances, le droit de bâtir cette fameuse écurie, qui, lui trottant en tête, tournait chez lui à la monomanie furieuse.

L’oncle Isidore, dont la vertu dominante était un entêtement de la plus belle venue, ne voulut rien écouter. Il avait entendu confirmer le dire de son neveu par tous les avocats de Candelair, chez lesquels il avait été à tour de rôle : ce qui, par parenthèse, n’avait pas peu contribué à assurer leur honorabilité dans son opinion.

Il aimait beaucoup l’argent, mais il tenait aussi à son soleil, qui donnait une grande valeur à son jardin, et il ne voulait rien en vendre.

Non-seulement les deux voisins ne se saluaient plus, ce qui avait été pour ainsi dire le début des hostilités ; mais Thomas se rencontrait presque chaque jour avec la vénérable Mme Daubrée, sans retirer sa casquette. Quand la servante passait devant lui, allant soit en course, soit à l’église, il l’appelait : « mangeuse de sardines, buveuse d’eau », ce qui était pour un viveur de son espèce, la plus sanglante insulte qu’il pût adresser à cette malheureuse, dont la mine piteuse avait le tort de ne point lui donner un démenti.

On faisait pourtant bonne chère à la Chartreuse ; mais, Étienne excepté, la mine des autres n’en témoignait rien du tout.

Au reste, il est à remarquer que le moral a une influence énorme et directe sur le corps, que les péni-