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LA PERLE DE CANDELAIR

la main un large chapeau de paille, de cette forme primitive, la seule vraie, que l’on ne trouve que dans la campagne, et autour de laquelle le monde cherche depuis des siècles, sans l’avoir jamais rencontrée.

Enfin, sa tête nettement dessinée et fièrement posée s’enlevait gracieusement au milieu de son abondante chevelure noire.

— Voilà certes un superbe sauvage, pensait M. de Ferrettes, dont la parole parfois verbeuse cachait une grande finesse, et qui déguisait sous un air bonhomme une profonde connaissance du monde, une certaine expérience des choses du cœur humain. Je sais plus d’un salon où il ferait tout aussi bien son chemin que sur la montagne. Avec une paire d’yeux de cette trempe-là il n’y a, en effet, point de pics inaccessibles.

Quand on eut ainsi marché assez longtemps, admirant les points de vue qui changeaient d’aspect presque à chaque pas, on arriva à une certaine hauteur que l’on regarda à l’unanimité comme ne pouvant être dépassée ; M. de Ferrettes s’assit au bord du chemin, tout fier d’avoir fait si bonne contenance jusque-là.

Mme Hélène elle-même fut forcée de convenir que le chemin devenait tout à fait impraticable pour elle, quel que fût son désir de monter plus haut. Elle se laissa aller sur la mousse, en jetant un regard chargé de regret vers les bois, qui n’étaient qu’à une légère distance, et dit en soupirant :

— C’est donc bien loin que se trouvent les fleurs, Monsieur Étienne ?

— Encore un peu, oui, madame. Tenez, là bas, dans cet angle que forme le rocher après les bois.