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LA PERLE DE CANDELAIR

sont de laides ombres au charmant tableau que ferait Candelair si un juste nettoyage permettait d’en chasser tous les habitants pour cause de salubrité publique.

Candelair est divisé en deux parties : la basse ville et la ville proprement dite.

La première est habitée par toute une population de jardiniers encore vêtus de l’ancien costume du pays, ce qui ne manque pas de lui donner un certain cachet, et l’autre par tout ce qui porte une redingote, et croit avoir quelque droit à se faire appeler monsieur.

La maison d’apparence fort modeste dont nous avons parlé au commencement de notre histoire, semblait servir de trait-d’union aux deux moitiés de Candelair et donner, par son jardin florissant de légumes ou de fruits, la main à la basse ville, pendant que ses pierres de taille, ses façades régulières, sa serre, son écurie, les parquets de son premier étage et ses cheminées modernes en faisaient bel et bien une habitation qui pouvait tirer quelque vanité de son apparence, qui lui donnait droit de cité dans la ville bourgeoise.

Le jardin et la maison faisaient autrefois partie des biens d’une communauté de religieuses, et quoiqu’ils aient vu bien des hôtes dissemblables, ils n’ont pas perdu le nom qu’ils doivent à leur origine. Le tout s’appelle encore : « La Chartreuse. »

La Chartreuse a pour propriétaire M. Isidore Letourneur, ancien chef de division à la préfecture de Candelair, jouissant de sa retraite, de ses six mille livres de rente, du plaisir d’habiter seul sa propre maison, et, grâce à son état de fortune, de l’estime de tous ses voisins.