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LA PERLE DE CANDELAIR

assez civilisé pour comprendre son ami, et qu’il ne fut pas du tout sensible à son admonestation. Mais en se voyant caressé, il manifesta une joie et une reconnaissance d’autant plus grandes, que le souvenir de maître Thomas, orné de sa fourche, était encore présent à son esprit.

— Tiens, dit enfin Étienne, vaincu par les témoignages d’affection que lui donnait le pauvre chien, et en passant sa main sur ses soies noires, devenues souples et brillantes à force de soins et de bien-être, c’est moi qui suis un égoïste, un mauvais cœur. Pauvre bête ! Je ne puis rien pour toi, hélas ! puisque je ne puis rien pour moi-même, et je suis fâché du bonheur qui te vient d’un autre côté.

Tu m’es bien supérieur, mon vieil ami.

Mme Malsauge et M. de Ferrettes arrivèrent près d’Étienne sur ces entrefaites. M. de Ferrettes paraissait avoir parfaitement pris son parti de l’ascension ; il marchait allégrement malgré son âge.

La jeune femme était plus charmante encore que la veille. Sa toilette était d’une simplicité pleine d’élégance ; elle était savante, sans prétention, ce qui est un grand art dans l’art des chiffons. Ses joues étaient légèrement colorées par la marche ; l’air vif avait donné à ses lèvres toujours un peu pâles une teinte presque rouge, qui prêtait un éclat tout particulier à son visage doux et plein de finesse tout à la fois.

Étienne eut comme un éblouissement : il ne s’attendait pas à la voir si belle. Chaque jour, l’image de son rêve lui apparaissait plus splendide encore qu’il ne l’avait rêvée.