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L’ONCLE ISIDORE

Thomas ? Cela m’est bien égal que vous donniez, oui ou non, de l’ouvrage aux maçons.

— Mais c’est à propos de ce mur, vous savez bien ?

― Ah ? fit M. Letourneur qui n’était pas insolent à demi quand il s’y mettait. Ah ! vraiment ! vous pensez encore à cela !

— Si j’y pense, je le crois bien, et quelqu’un que j’ai consulté là-dessus, m’a assuré qu’en vous en payant une part, je pouvais en avoir la mitoyenneté pour y bâtir mon écurie.

— Eh bien ! mon brave homme, celui qui vous a dit cela n’en sait pas long. Je vous conseille de vous renseigner ailleurs. Sans cela vous pourriez vous mettre dans de mauvais draps.

Thomas, comme beaucoup de ses pareils, était fort capable d’humilité, de calme, pendant quelques instants ; mais il ne fallait pas que cela durât trop ; d’un autre côté, si l’on recevait mal ses avances, ainsi que le faisait M. Letourneur, il lâchait facilement la bride à son humeur colère, et se servait volontiers de mots plus énergiques que polis pour donner l’essor à sa pensée.

C’est ce qui arriva.

— Dites donc, monsieur l’écrivassier, vous faites bien le fier, aujourd’hui. Dans les temps, il n’en était pas ainsi, ce me semble. Vous ne faisiez pas tant le grand monsieur, quand vous vouliez faire élever votre neveu par charité.

— Ce qu’on a fait pour ma famille n’a été que la récompense de mes services, reprit M. Letourneur fièrement, de services que vous êtes incapable de comprendre, brave homme. Aussi votre insulte ne me touche-t-elle pas.